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  • Hugo Protat

Quelle est la plus-value d'une information provenant de la FFT ?

Interview de Myrtille Rambion, responsable du service éditorial de la Fédération Française de Tennis. Un service "contenu unique" au sein d'une fédération sportive pas comme les autres.

Portrait de Myrtille Rambion (Crédit Photo : Christophe Guibbaud / FFT)

Comment se sont déroulés vos débuts dans le journalisme ?

Myrtille Rambion :J'ai commencé dans une radio locale associative, c'était un grand plaisir. Je donnais aussi des cours de tennis aux enfants en même temps, donc le tennis a toujours été là. J'ai fait des études. J'étais bonne à l'école, j'ai fait hypokhâgne à Henri IV. Le journalisme ça a toujours été quelque chose que je voulais faire donc j'ai réussi le concours de l’ESJ Lille. J'ai gagné la bourse Jean-Baptiste Dumas RTL et je suis rentrée au service Info générale à RTL. Puis en 2000, l'amour du tennis m’a poussé à envoyer une candidature spontanée à Tennis Magazine.


J’y ai travaillé pratiquement trois ans. Pendant cette période, je suis devenue également journaliste indépendante. Je traitais un peu de sport et de culture, parce que c'était mon autre truc. Puis très vite, il y a eu un nouveau magazine de tennis qui s'est monté, qui s'appelait “Court central”. Quand le premier numéro est sorti, je suis allée les voir et j'ai commencé à être pigiste et ça a bien marché. Je suis rentrée dans ce magazine, je suis même devenue rédactrice en chef adjointe. Malheureusement les investisseurs ont décidé de mettre l'argent ailleurs, alors je suis redevenue indépendante pendant près de 15 ans. Je bossais pour Europe 1, Libération, pour RTL Belgique, pour des journaux en Suisse, aux États-Unis et en Italie. Je traitais encore beaucoup le sport, le tennis, l’actualité “people” aussi. J'ai couvert tous les Grand Chelem.”


(Crédit photo : Sud Ouest 2013)

Quand avez-vous commencé à collaborer avec la FFT ?

MR : “ J’ai commencé à piger pour la FFT en 2005, et au fil des années j’ai mis en place un suivi beaucoup plus poussé des joueurs français sur les grands chelems, jusqu’à faire des story Instagram, des interviews vidéo et bien plus encore. Puis, en 2018 j'étais à Melbourne pour l’Open d’Australie et Lionel Dubois, le responsable du département contenus, m'a appelé pour me proposer de rentrer à la FFT. J’ai donc fait mes débuts à la FFT le 1er mars 2018 en tant que responsable éditorial du site de Roland-Garros parce que je connais les joueurs, des agents de l'ATP et de la WTA.

Enfin, depuis un peu plus d'un an maintenant, j’occupe mon poste actuel à savoir responsable du service éditorial, qui regroupe tous les supports de publications de la FTT à savoir : fft.fr, le magazine Tennis Info et rolandgarros.com. ”


Est-ce que rejoindre la FFT était une forme de consécration pour vous ?

MR : Je pense sincèrement que c'est arrivé au moment où ça devait arriver. J'avais fait le tour, ça marchait super bien en tant qu'indépendante. C'est comme si tout ça m'avait servi à arriver là. Aujourd’hui, je suis exactement là où j'ai envie d'être, je ne me vois pas ailleurs maintenant. Donc oui, c'est une consécration parce que c'est l’une des plus grandes fédérations en France. C'est Roland-Garros. C'est un projet qui me ressemble.”


Quel est votre rôle précis aujourd’hui au sein de ce pôle éditorial ?

MR : “Je continue à écrire, mais plus autant qu’avant parce que j'ai plein d'autres choses à faire. Mon rôle précis aujourd’hui, c'est de sentir les sujets et de mettre en place des stratégies éditoriales. Ce qui me passionne là-dedans, c'est de penser concrètement tes sujets, de savoir comment les écrire.“


Quelle est la plus-value d’une information provenant de la FFT ?

MR : “Notre objectif n'est pas d'être dans la concurrence avec l'Equipe.fr, Eurosport ou même Google. Parce que maintenant pour les scores on le voit même pendant les tournois, Google va plus vite. En revanche, on peut amener un point de vue et une proximité si on parle des joueurs de haut niveau. Ils sont en confiance quand ils viennent nous parler, on ne va pas leur poser forcément les mêmes questions que les autres parce qu'il y a une espèce de connivence, c'est un rapport de confiance, on se parle tranquillement.


Notre rôle, c’est plus d’apporter des infos “coulisses”, de l'intérieur que d'autres n'auraient pas. Ça vaut pour le haut-niveau, mais ça vaut pour tout ce qu'on appelle “l'écosystème tennis”, quand tu es une fédération, tu parles à tes licenciés, nous avons un langage commun, nous n’avons pas besoin d'expliquer le principe du classement ni comment se passe la réservation d’un court dans un club. On va dire que c'est l’un des présupposés de départ qu'on a tous en commun, mais du coup tu vas pouvoir leur partager des infos plus de l'intérieur qu’ils n'auront pas ailleurs.”

Lors de la Fed Cup 2018, Myrtille Rambion montre les productions de son service 2018 au capitaine Yannick Noah. (Crédit photo : FFT)

Est-ce que l’on peut dire que votre métier tient plus de la communication que du journalisme ?

MR : “J'ai été journaliste pendant plusieurs années et je me pose encore cette question aujourd'hui : est ce que les journalistes aujourd'hui sont réellement indépendants et est-ce eux non plus ne font pas de la communication ? Hier j’ai demandé à une collègue de mon service d'écrire un article après le match entre Jannick Sinner et Novak Djokovic à Monte-Carlo. Franchement, ce sont des articles qui pourraient être publiés ailleurs, sur des supports journalistiques. “


Quel est le public de la FFT ?

MR : “Nous avons plusieurs audiences à la Fédération Française de Tennis. Il y a Tennis Info que nous chapeautons Mustapha Taoussi et moi. C’est un magazine papier et digital qui s'adresse au club avec aux dirigeants de club, aux bénévoles et aux licenciés.


Nous nous adressons aussi au grand public via les canaux digitaux comme fft.fr et les réseaux sociaux de la fédération. On est également en charge des canaux Roland-Garros, c’est une cible beaucoup plus grand public et internationale aussi, puisque 80 % des visites faites sur rolandgarros.com et l’application sont des visites hors francophonie, c'est quand même énorme !”


Est-ce que la recherche de sujets et la production de contenus sont dictés par l’audience ?

MR : “Oui et non, nous ne sommes pas dictés par l'audience, mais le but du jeu, c'est quand même d'intéresser le plus de gens possible au tennis. La finalité, c'est de ramener les pratiquants dans les clubs et qu’ils aient envie de jouer et de se licencier autour de bénévoles qui sont sympas. Concernant les supports de Roland Garros, nous avons intérêt à gagner des fans, gagner de la part d'audience parce que finalement, on a des partenaires qui attendent aussi de la visibilité.”


Est-ce que Roland-Garros est un moyen supplémentaire d’information ?

MR : “Le magazine de la quinzaine de Roland-Garros est un support clairement d'image. Nous ne pouvons pas parler de retour sur investissement, parce que nous ne courons pas après le nombre de lecteurs. On est super contents si les gens lisent bien sûr, ce n'est pas la question, c'est vraiment de l'image de marque. En interne, dans la maison, nous voulons montrer de belles choses, les sujets qui nous tiennent à cœur en terme de message aussi.


Cette année, nous avons parlé du stade, des dernières rénovations, des statues de Roland-Garros et de Rafael Nadal, des engagements de la FFT et tout le reste. Nous avions également très envie de mettre en avant des jeunes français auxquels nous croyons, sachant qu’il y a avait pour la première dans le tournoi junior quatre Français en demi-finales. Nous avons aussi parlé des tenants du titre. La vocation de ce magazine est d’être un support pour les partenaires, donc premium comme on dit. Si je parle trivialement, le but du jeu, la vraie finalité c’est que ce soit une opération qui coûte 0. En fait, on s'en fiche finalement, dans l'absolu d’avoir 1000, 10 000 ou 100 000 lecteurs.”


Vous n’avez donc pas la même économie que les médias traditionnels. Votre priorité est plus celle d’attirer des pratiquants que des lecteurs avec un nombre de tirages à écouler. Vous avez la mission d'informer les bénévoles et de montrer que le système que vous vendez fonctionne bien aussi.

MR : “On s'intéresse aux chiffres. Évidemment s’il y a des choses qui ne marchent pas du tout et qui coûtent juste des sous, on ne va pas continuer. Au bureau, je ne suis pas figée sur Médiamétrie. En revanche, ce qui est intéressant, c'est d’étudier les chiffres. Aujourd’hui nous savons que les sites internet sont moins fréquentés, c'est normal, c'est global. Par exemple, beaucoup de visiteurs du site rolandgarros basculent vers les applications.


Il faut prendre en compte le fait que nous sommes un ”support vitrine”. L’'idée est aussi de produire des contenus qui soient poussés sur les réseaux sociaux parce que les gens consomment des contenus comme ça aujourd'hui. En fait, c'est super intéressant parce qu'on peut tester plein de choses sans avoir, vous avez raison, d’avoir ce besoin effréné d'avoir du lecteur.”


Quel est le contenu le plus lu à la FFT ? Par exemple à la Ligue de Football Professionnel, c’est les comptes rendus de commission de discipline.

MR : “Il y a tellement de scopes différents et intéressants. Les contenus qui marchent sur fft.fr ne vont pas être les mêmes que sur Roland-Garros ou sur fft.fr. Il y a des types d’informations qui sont très lues et vues. Par exemple, les petites interviews sympas “Info ou Intox ?” qui permettent de découvrir la personnalité d'un joueur, ou l’interview de Lucas Pouille. Je suis intimement persuadée que tu apprends plus de choses de lui que lorsqu’on lui pose une énième fois des questions sur son revers. Moi, j’y crois à ces rubriques.


Donc pour répondre plus précisément à la question. Cela fait un an que ce qui marche le mieux ce sont les informations liées à la crise sanitaire, c’est normal étant donné le contexte mais aussi c’est notre rôle. Nous sommes là pour ça en tant que fédération. Nous avons le devoir de publier des informations très institutionnelles, aussi mais d'un autre côté sur Roland-Garros dès que tu publies la moindre photo de Rafael Nadal, en termes de chiffre, c’est super intéressant. En fait, en tant qu'institution, on doit jongler entre ces deux positions, celle qui doit informer le pratiquant mais aussi donner aussi des nouvelles de nos joueurs d'une manière originale.”


L’avantage de traiter le sport dans une fédération, c’est que vous ne pouvez qu’en parler de manière positive.

MR : “Exactement et je dois dire que c'est assez agréable. Je veux dire, tu ne vois que le positif, tu es dans l'empathie. Ce n’est pas se voiler la face et travestir la réalité mais nous sommes là pour mettre en avant ce qu'il y a de mieux dans le sport. Personnellement, je trouve ça génial et c’est ce qui me m’anime aussi. Je me dis qu'à la fin, une petite brève comme un grand papier permettent d’appuyer des années de travail. Cela sert et valorise un bénévole. Ça permet au président du club de le montrer à la mairie et à ses partenaires. c’est bon pour tout le monde.”


Cet écosystème de bénévoles est-il très attaché à Tennis Info ?

MR : “Oui ! Depuis ma première collaboration, c’est ce qui m’a toujours frappé. Parfois tu raccroches ton téléphone et tu as la pêche parce que tu sens que ce sont des gens qui sont contents de parler et surtout que l’on parle d’eux, donc c'est génial."


Roland-Garros est-il un moyen d’informer ?

Roland-Garros : un moyen d’information ? (Crédit photo : Hugo Protat)

Est-ce que le fait d’avoir des contrats de partenariat présente un frein à la création de contenus ?

Il y a des gens qui se mettent des barrières, là, il y en a pas, tu vois, mais c'est vrai que pendant le tournoi. Nous avons parfois des réflexions qui me dérangent un petit peu. Prenons l’exemple de Rafael Nadal, qui est sponsorisé Nike et Babolat qui n'est plus un partenaire du tournoi, et Richard Mille pour sa montre alors que Rolex est un partenaire. Est ce que on doit pour autant ne plus montrer Rafael Nadal?


C’est vrai que vous priver de montrer Rafael Nadal sur vos supports vous compliquerait considérablement la tâche

Si on rentre dans cette logique, ça voudrait dire qu’il faut uniquement montrer un joueur ou une joueuse qui joue avec une Wilson et une tenue Lacoste et qui porte une Rolex. Autant vous dire que ça n'existe pas. Il y a plein de possibilités différentes de choses à faire ou pas.

Je pense qu'il y a des gens qui prennent un peu trop la tête avec ce genre de sujets.


Comment fonctionne les autres Grands Chelems sur le sujet ?

J'ai le contre-exemple parfait à Wimbledon qui pourtant est le temple de la tradition, comme nous, ils sont sponsorisés par Rolex. Quand Novak Djokovic remporte l’édition 2019, la homepage du site la home du site, une magnifique pub Rolex, mais énorme et en dessous, et une photo de Djoko avec le trophée et on voit parfaitement sa montre Seiko.


Ça ne leur pose aucun problème que le joueur présente sa montre un peu avant avec le trophée de Wimbledon. Les joueurs communiquent comme ça aussi aujourd’hui. Comme quoi, tu as beau être un grand tournoi sponsorisé par Rolex, quand tu montres une autre marque d’horlogerie, ça ne pose aucun problème. Les gens ne sont pas idiots quand même. Donc je pense que c'est aussi chez nous que les gens qui se mettent des limites parfois.






























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